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Sciences de la vie et de la Terre

Cancer : des doutes sur une théorie

08 / 05 / 2011 | Liliane Grandmougin

Depuis plus d’une dizaine d’années, l’explication couramment admise concernant les cellules tumorales est leur mode de propagation ou métastases. Leur développement suit celui des cellules embryonnaires épithéliales : ces cellules sont normalement immobiles, mais à un certain stade, elles arrêtent de synthétiser les protéines qui les maintiennent jointives pour se mettre à fabriquer des protéines associées à la mobilité . Cela les transforme en cellules du mésenchyme aptes à se déplacer vers leur lieu de destination où elles peuvent se différencier.

La transformation des cellules tumorales en cellules en métastase est comparable : elles cessent d’être cohésives pour migrer vers un vaisseau sanguin, se dispersent en un autre point de l’organisme où elles s’installent, perdent leur statut de cellules mésenchymateuses et redeviennent tumorales.

Ce concept simple, reposant sur ce changement d’état et une modification de synthèse protéique vient d’être mis à mal. Il repose sur des expériences menées chez la souris et sur des cultures cellulaires, où une activation de l’état mesenchymateux conduit à la formation de métastases. Or, il semblerait que nul n’ait pu assister à un état de transition des cellules in-vivo.
Pour certains, c’est juste parce que cet état est bref, et ce n’est pas parce qu’on ne l’a pas observé qu’il n’existe pas. Pour d’autres, cela revient à dire que "la pièce est pleine d’extraterrestres invisibles, mais on ne peut les voir parce qu’on n’a pas les outils adaptés." De plus, les protéines caractérisant l’activation du passage au stade mésenchymateux sont aussi présentes dans des processus non liés au cancer, comme lors de la mort cellulaire programmée.

La mise en doute de cette théorie est un point critique car la recherche contre le cancer repose principalement sur elle, ainsi qu’une grande partie de l’industrie pharmaceutique, qui cherche des thérapies contre ce fléau en bloquant le changement d’état cellulaire.

L.g. D’après Nature - 21 avril 2011.