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Sciences de la vie et de la Terre

Enseigner à des allophones : les enjeux et nos adaptations impératives

20 / 09 / 2015 | Ghyslaine Laurens | Céline Sauvage

Enseigner à des élèves allophones peut, au premier abord, dérouter et ce, quelque soit la discipline enseignée.
Pour que notre enseignement en SVT soit profitable pour les élèves, il paraît indispensable d’en saisir les enjeux et d’adapter nos pratiques à leurs besoins particuliers.

Les enjeux de l’enseignement de SVT en UPE2A

Enseigner en SVT à des élèves allophones revient à les préparer pour leur future intégration afin de garantir une bonne scolarisation.
Pour cela, nous nous devons :

1. D’enseigner les SVT en même temps que le français
En effet, leur difficulté en français sont telles que nous devons leur enseigner le langage propre à notre discipline (notions + consignes) ainsi que la langue en temps que vecteur/moyen de communication.
Ainsi, les élèves apprendront le français en SVT à travers des contextes ou des situations particulières ce qui leur permettra alors de progresser.

Voici quelques extraits de la circulaire n° 2002-100 du 25-4-2002 qui confirme ce point :
« L’enseignement du français comme langue de scolarisation ne saurait être réalisé par … le seul professeur de français de la classe d’accueil : c’est la responsabilité de toute l’équipe enseignante. »
« … Permettre aux élèves de s’approprier le langage des consignes scolaires relatives à chacune des disciplines »

2. De cerner et de viser des capacités et des attitudes variées et travaillées fréquemment dans notre discipline. Le but étant de préparer au mieux les élèves à nos activités et ainsi de leur assurer la meilleure intégration possible en classe francophone.

S’adapter à une mise en pratique systématique de la langue française

Pour permettre de travailler le plus possible la langue française dans notre discipline, l’accent doit être mis sur tous les moyens de la pratiquer, à savoir :

  1. L’oral (compréhension ou production/verbalisation). L’élève, qui arrive dans cette classe, a déjà des bases. Il est nécessaire de continuer à stimuler ses capacités d’écoute et de parole pour qu’il poursuive sa progression. En classe, il est intéressant pour eux de repérer et de corriger les difficultés phonologiques lors des productions (lecture ou verbalisation).
  2. La compréhension qu’elle soit orale ou écrite.
  3. Les activités de production écrite et de correction (auto, inter)
    Pour l’écrit, il ne faut pas s’attendre à ce que l’élève le maîtrise parfaitement en sortant d’UPE2A. Il faut néanmoins le travailler continuellement et ne pas tomber dans le piège de séances pures de grammaire, de conjugaison ou d’orthographe puisque le professeur de français se charge explicitement de ce point. L’apprentissage de l’écrit se fait sur plusieurs années et sera poursuivi également une fois intégré en classe francophone (d’où une nécessité d’évaluer différemment les élèves une fois intégrés par rapport à des élèves francophones)

S’adapter en utilisant des outils, des organisations efficaces.

Certains outils ou le travail en groupe apportent une aide précieuse lorsqu’il est question de pratique du langage scientifique et de la langue française :

Les outils numériques

L’utilisation des outils numériques plait aux élèves : ils sont donc motivés, intéressés et donc progressent. L’opportunité qu’offre leur usage est de pouvoir rendre la langue « vivante » à travers l’enseignement des SVT.
Intégrer les outils numériques dans ces classes est une solution pour :
travailler davantage l’oral (exemple : se filmer, s’enregistrer…)
travailler l’écrit (exemple : lors de recherches, d’utilisation de logiciels ou d’animations, lors de la réalisation d’un blog…. ).
valoriser les élèves au sein de la classe mais également au sein du collège (ce qui n’est pas toujours évident).
corriger les élèves : ils motivent leur désir de correction (auto ou inter).

Les dictionnaires ou lexiques

 Les dictionnaires bilingues sont parfois insuffisants en sciences, puisque certains mots scientifiques n’y figurent pas ou alors les élèves ne les connaissent pas dans leur propre langue.
Il est donc intéressant de construire un dictionnaire de « SVT » au fil de l’année qui regrouperait, par exemple, les termes scientifiques importants vus en classe mais également les termes couramment utilisés dans les consignes en SVT.
Il peut être envisagé d’étendre la réalisation du dictionnaire à toute la communauté éducative.
- Il existe des dictionnaires en ligne pouvant être mis à disposition des élèves. Exemple : Lexilogos qui propose une grande diversité de langue ainsi qu’un clavier multilingue.

Le travail en groupe

Bien menés, ils permettent d’assurer une communication efficace entre les élèves.
En effet, ils stimulent les capacités d’écoute, d’expression et d’attention à autrui.
De plus, ils permettent de débloquer certains élèves qui s’adresseront plus facilement à leurs camarades qu’au professeur, à d’autres d’exprimer ce qu’ils ont compris leur permettant de structurer leurs pensées.
Ils peuvent être mis en place lors de tâches simples ou complexes ou lors de phase d’inter-corrections.

Ex. 1 : Extraction d’informations de documents : activités langagières (progrès en français) et échanges de méthodes (où trouver les mots importants, comment sélectionner les informations ...)

Ex. 2 : Activités impliquant l’utilisation des outils spécifiques aux SVT (loupe, microscope, préparation d’une lame...) : mettre en place des jeux en binôme tels que un élève joue le prof et l’autre joue l’élève.

S’adapter à leur hétérogénéité

Les élèves qui composent ces classes ont en général des âges et des passés scolaires différents ainsi que des connaissances différentes.
Enseigner en classe d’accueil implique nécessairement la mise en place d’une pédagogie différenciée afin de s’adapter à tous ces profils d’élèves.

Les aides apportées ou les adaptations des activités peuvent se présenter comme :
a. Des outils : dictionnaire, lexiques, outils/fiches linguistiques
b. Des dispositifs interactionnels entre élèves : aides entre élèves (tutorats, lors de travaux de groupe…)
c. Adaptation de la consigne : formulation différente ou travail particulier préalable sur la consigne
d. Adaptation de la nature de la production : la forme ou le niveau d’exigence pour la/les compétence(s) visée(s)
e. Adaptation de la quantité à produire.

Cette hétérogénéité implique également de différencier les évaluations.
En effet, quelque soit le niveau de maîtrise de la langue d’un élève, celui-ci doit être évalué.
Il est donc indispensable de différencier les évaluations afin de les adapter à l’ensemble des profils d’élèves.
Exemple : petite rédaction pour les uns, texte à trous/ mots à relier/ images à légender…pour les autres.

S’adapter à des arrivées décalées

Quand il arrive en classe, on ne connaît souvent rien de l’enfant ou de l’adolescent, hormis son âge et son pays d’origine.
A l’arrivée d’un nouvel élève, il faut prévoir une prise de niveau, des séances de raccrochage : séances pouvant être facilement ramenées à une tâche simple, avec priorité aux manipulations et autres tâches pratiques (microscope, loupe, dessin d’observation).