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Sciences de la vie et de la Terre

Réflexion autour de la notion d’espèce à partir de l’exemple des Cétacés

01 / 06 / 2016 | Frédérique Théry

Niveau : Terminale S
Lien avec le programme : La diversité du vivant est en partie décrite comme une diversité d’espèces. La définition de l’espèce est délicate et peut reposer sur des critères variés qui permettent d’apprécier le caractère plus ou moins distinct de deux populations (critères phénotypiques, interfécondité, etc.).

Exploitation possible : à partir des documents mis à votre disposition, discuter la définition de l’espèce et les critères sur lesquels elle peut reposer.

Document 1. L’exemple des rorquals.

Document 1a. Comparaison du rorqual commun et du rorqual bleu.

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Document 1b. Des hybrides chez les rorquals.

« Normalement, les animaux appartenant à des espèces différentes ne se reproduisent pas entre eux. Cependant, certaines espèces proches parentes peuvent produire des hybrides, qui ne sont généralement pas fertiles. C’est le cas du mulet, l’hybride de l’âne et de la jument, ou du tigron, l’hybride de la lionne et du tigre. Chez les baleines à fanons, seuls les rorquals bleus et les rorquals communs traversent la barrière de l’espèce et peuvent donner naissance à des hybrides. Contrairement aux cas du mulet et du tigron, l’une ou l’autre des espèces parentes peut être le père ou la mère de ces hybrides. Autre différence, ces hybrides seraient peut-être fertiles.
Voici les faits. Cinq hybrides rorqual commun/rorqual bleu ont été découverts par des scientifiques. Des trois femelles, deux étaient matures sexuellement. La première pouvait produire des ovules mais était apparemment infertile, alors que la deuxième portait un fœtus. Il est toutefois impossible de savoir si elle aurait porté ce fœtus à terme ou si le fœtus aurait survécu après la naissance. Dans le cas du seul mâle examiné ayant atteint l’âge de la maturité sexuelle, ses organes sexuels n’étaient pas fonctionnels.
Malgré les différences de tailles, de couleur et de comportement, il semble donc que les rorquals bleus et les rorquals communs soient encore des espèces génétiquement très proches. »

Source : http://baleinesendirect.org/existe-...

Document 2. L’exemple des marsouins.

Document 2a. L’existence d’hybrides chez les marsouins.

Comme chez les autres mammifères, les cas d’hybridation naturelle sont rares chez les Cétacés. Quelques cas ont cependant été rapportés. Ainsi, des analyses de l’ADN mitochondrial et nucléaire combinées à des observations morphologiques et comportementales chez des marsouins ont permis de mettre en évidence des individus hybrides issus de croisements en milieu naturel, au niveau des côtes du Pacifique nord-américain. Pour tous les hybrides, le parent maternel est un marsouin de Dall (Phocoenoides dalli), alors que le parent parternel est un marsouin commun (Phocoena phocoena). Ce phénomène pourrait s’expliquer par la poursuite sans distinction des marsouins femelles par les mâles du marsouin commun. Parmi les hybrides, certaines femelles sont capables de se reproduire.

Document 2b. Différences morphologiques entre le marsouin de Dall, le marsouin commun et le marsouin hybride.

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Document 3. L’exemple des « wholphin ».

Le wholphin est un animal hybride rare, de la famille des delphinidés, issu d’une fausse orque (Pseudorca crassidens) et d’un grand dauphin (Tursiops truncatus). Bien qu’ils auraient été observés dans la nature, il n’en existe actuellement que deux spécimens vivants en captivité, au Sea Life Park d’Hawaii. Le premier est né le 15 mai 1985, alors qu’une femelle grand dauphin et un mâle fausse orque partageaient le même bassin. La taille, la couleur et la forme du wholphin sont intermédiaires entre celles des espèces parentales. Nommée Kekaimalu, elle a 66 dents — intermédiaire entre le grand dauphin (88 dents) et le fausse orque (44 dents). Kekaimalu s’est avérée être fertile et a eu trois petits. Le premier est décédé après quelques jours seulement. En 1991, elle donna naissance à une femelle, Pohaikealoha, qui atteignit l’âge de 9 ans. Le 23 décembre 2004, Kekaimalu accouche de son 3e petit, encore une femelle, nommée Kawili’Kai, qu’elle a fait avec un mâle grand dauphin.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Wholphin

 Fausse orque à gauche (Pseudorca crassidens) et grand dauphin à droite (Tursiops truncatus) (© OpenCage)

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 Photographie d’un wholphin (© sbingham.seabird)

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Document 4. Une hybridation entre bélugas (Delphinapterus leucas) et narvals (Monodon monoceros).
Les bélugas et les narvals habitent tous deux l’océan arctique et les mers périphériques. Dans les années 1980, un crâne ayant une morphologie intermédiaire entre celle de ces deux espèces a été recueilli à l’ouest du Groenland. Des chasseurs locaux ont rapporté avoir vu d’autres spécimens de forme intermédiaire dans la région. L’hybride entre le béluga et le narval (appelé narluga) doit probablement son existence au réchauffement climatique, qui modifie les zones d’habitat de certains animaux, en particulier dans les régions arctiques où vivent ces deux espèces, ce qui favorise les rencontres.

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Ressources complémentaires :

  • P. Willis et al., « Natural hybridization between Dall’s porpoises (Phocoenoides dalli) and harbour porpoises (Phocoena phocoena) » (2004), Canadian Journal of Zoology, 82, 828-834.
  • B. Kelly et al., « The artic melting pot » (2010), Nature, 468, 891.
 

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