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Sciences de la vie et de la Terre

Tsunami : un monde divisé

01 / 09 / 2005 | Sacha Touille
TITAN, UN MODÈLE POUR LA CRISE CRÉTACÉ - TERTIAIRE ? (01/04/2005)

Les récentes photographies
envoyées par la sonde Huygens depuis Titan ont révélé
des paysages surprenants, entre autres des lacs de méthane liquide. Ce
n’est pas la seule découverte : une autre sonde envoyée par notre
équipe a produit des informations capitales, sous forme de deux photographies,
qui pourraient bien trancher dans l’un des débats les plus animés
de la géologie : quelle est la cause de la disparition de nombreux groupes
lors de la crise dite KT, dont les emblématiques dinosaures : météorite
ou volcan ?

La première de ces
deux photographies est une vue lors de l’approche du satellite de Saturne (photo
1
). On y distingue clairement un cratère d’impact géant, tandis
que se dresse à l’opposé un édifice volcanique (détail
 :photo 2). Plusieurs arguments montrent que cette
double formation est le résultat d’un même phénomène :
la collision, à très grande vitesse, d’une météorite
avec Titan.

Des simulations en laboratoire
ont prouvé qu’un tel choc se traduisait toujours par la pulvérisation
des projectiles de grande taille. Pourtant, si l’on prend en compte d’autres
paramètres, comme l’épaisseur de l’atmosphère, imposante
sur Titan, et un angle d’approche rare, il est possible de préserver
la météorite sans pour autant la ralentir. Nos simulations de
ce cas exceptionnel montrent que le bolide peut traverser le satellite de part
en part et provoquer une éruption gigantesque à l’opposé
du cratère d’impact (détails dans un supplément de publication,
à venir
).

Quel a été
le sort subit ensuite par la météorite ? Est-elle repartie dans
l’espace ou bien est-elle encore sous le volcan ? Rien, hélas, ne permet
de répondre avec certitude : notre sonde, en s’approchant du cratère
pour faire d’autres clichés est tombée dedans. Plus aucun signal
ne nous est parvenu depuis.

Heureusement, nous en savons
un peu plus sur le volcan de Titan. En effet, par une amusante coïncidence,
un de nos collaborateurs qui travaillait sur les magmas émis, en fouillant
dans les nombreux documents posés sur son bureau, a fait tomber la lourde
roche indéterminée qui lui servait de presse-papier. Sur le chemin
des urgences (pour que l’on plâtre son pied), il a fait part de ses interrogations
à l’équipe : comment expliquer qu’un si petit bloc puisse faire
de tels dégâts ?

Une seule réponse
était possible : son exceptionnelle densité - qui en faisait un
bon presse-papier- ne pouvait provenir que d’un corps d’origine extra-terrestre.
Or, un impact tel que celui qui a affecté Titan a forcément projeté
dans l’espace des fragments soit de roches volcaniques, soit de la météorite
elle-même, qui ont pu arriver jusqu’à nous.

Les lames minces obtenues
donnent deux types de structures : une périphérie microlitique
(photo 3) et un coeur grenu (photo
4
) . Elles rappelleraient assez des basaltes ou des lherzolites, s’il n’y
avait quelques minéraux curieux, non identifiés, inconnus à
ce jour.

Nous poursuivons nos travaux
mais nul doute cependant : cette importante découverte vient appuyer
la thèse du Pr Effel, de notre équipe scientifique ( voir son
article dans ce numéro
). Le même phénomène, s’il
s’est produit il y a -65 millions d’années, est peut-être à
l’origine de la deuxième plus grande crise biologique de notre planète.

L’équipe
scientifique du BIG -Biology, Investigation and Geology - "Titan, a new
model for KT crisis". 1rst April 2005.