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Sciences de la vie et de la Terre

La dispersion des graines par les bonobos

16 / 09 / 2015 | Frédérique Théry

Cette activité est extraite d’un dossier proposant un ensemble de ressources pédagogiques autour du bonobo. Une exploitation possible de ces ressources en classe y est proposée, dans le cadre du programme de SVT du lycée.
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La dispersion des graines par les bonobos

Niveau : terminale S
Lien avec le programme : La dispersion des graines est nécessaire à la survie et à la dispersion de la descendance. Elle repose souvent sur une collaboration animal disséminateur/plante produit d’une coévolution.

Les bonobos sont une espèce de grand primate vivant exclusivement en République Démocratique du Congo. Il ne resterait qu’entre 10 000 et 20 000 représentants de cette espèce, menacée en raison des activités humaines. On cherche dans cette activité à comprendre l’importance du bonobo pour la reproduction des plantes à fleurs.

Exploitation possible : montrer qu’il existe une collaboration entre les bonobos et les plantes à fleurs, et préciser les caractéristiques de cette collaboration. Conclure en indiquant les conséquences que la disparition des bonobos entraînerait sur les écosystèmes des forêts tropicales.

Les graphiques des documents suivants sont issus de : D. Beaune et al., « Les services écologiques des bonobos (Pan paniscus) », Revue de Primatologie, 5, 2013 (http://primatologie.revues.org/1641).

Document de référence. De 70 % à plus de 90 % des espèces de plantes à fruits dépendent des animaux pour la dispersion des graines. Parmi les frugivores, les mammifères de large taille sont considérés comme des disperseurs principaux de graines en raison de : la diversité de leur régime (dizaines à centaines d’espèces), des grandes quantités de graines dispersées, de leurs capacités d’alimentation sur de grands fruits ou de grandes graines. C’est le cas des espèces de grands singes frugivores d’Afrique tropicale (chimpanzé, bonobo et gorille). Les documents suivants présentent les résultats d’une étude de la dispersion de graines par des bonobos (Pan paniscus) dans une forêt tropicale humide du bassin du Congo (site de recherche de LuiKotale).

Document 1. Le régime alimentaire des bonobos.
Plus de 50 % du régime du bonobo est composé de fruits, caractérisant le bonobo comme un important frugivore. Les bonobos passent environ 3,5 heures par jour à avaler des graines qui sont transportées dans leur intestin pendant 24 heures en moyenne. A LuiKotale, les chercheurs ont observé 133 espèces de plantes dont les fruits sont consommés par les bonobos. Parmi ces plantes, 91 sont ingérées avec les graines. Ces plantes « bonobo-dispersées » représentent 40 % des espèces d’arbres ou 65 % des arbres en tant qu’individus.
Le graphique suivant représente la part des différents types d’aliments ingérés par les bonobos lors des sessions d’alimentation observées sur le site de LuiKotale : frugivorie avec dispersion des graines (les fruits sont ingérés avec les graines : on parle d’endozoochorie), frugivorie sans dispersion des graines (les fruits sont ingérés sans les graines, qui sont recrachées), herbivorie (ingestion de feuilles, de végétation herbacée terrestre, de fleurs, de tiges et d’écorce), granivorie (ingestion de graines), faunivorie (écureuils, singes : Procolobus tholloni, poussins, etc.), ingestion d’autres aliments (miel, sol de termite, session de creusement dans le sol pour des truffes et probablement des larves d’insectes, etc.).

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Document 2. Distance de dispersion des graines par les bonobos.
Les bonobos dispersent les graines sur de longues distances, avec 93,3 % des dispersions de graines à plus de 100 m. La distance moyenne de dispersion à l’arbre est d’environ 1200 m.

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Document 3. Germination des graines ingérées par les bonobos.
• Après dispersion, les graines passées dans le tube digestif ont une plus grande survie (97 %) que les graines non passées par le tube digestif d’un bonobo.

• Pourcentage de germination de huit espèces (Cissus dinklagei, Cola gigantea, Dacryodes yangambiensis, Dialium corbisieri, Garcinia ovalifolia, Grewia sp., Guarea laurentii, Manilkara yangambiensis), comparant les graines passées par le tube digestif d’un bonobo (rouge) et les graines sans fruit non passées par le tube digestif d’un bonobo (violet). Ne pas tenir compte des étoiles et nombres au-dessus des barres.

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Document 4. Diversité et abondance des arbres dispersés par des bonobos.
Proportion des espèces d’arbres (noir) et du nombre d’arbres étudiés (blanc) dont les graines sont dispersées par les bonobos (la zoochorie implique la dispersion de graine sans transport interne dans le tube digestif, contrairement à l’endozoochorie).

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Document 5. Bonobos et dispersion des fruits à grosses graines.
« Pan paniscus est le plus grand primate de son aire de répartition et le second plus grand frugivore après l’éléphant de forêt. Bien que les plantes à fruits peuvent être dispersées par de nombreux frugivores comme des calaos, les singes, les ongulés et les chiroptères, les vecteurs de dispersion des fruits à grosses graines sont plus rares. Ceci implique une certaine dépendance de ces plantes aux frugivores de grande taille comme les bonobos et que ces derniers doivent influer significativement les processus de régénération de ces plantes. Les grands singes sont aussi spécialisés dans une certaine catégorie de graines de par leurs grandes tailles. (…). Dans les forêts Afrotropicales, les oiseaux et les primates se nourrissent dans des strates différentes de la canopée et présentent donc un faible recouvrement d’espèces qu’ils dispersent. En l’absence de redondance fonctionnelle, la disparition des bonobos signifierait la disparition d’irremplaçables services écologiques. Les stratégies de conservation de la forêt du Congo doivent inclure la conservation des espèces clefs qui dispersent les graines, comme les bonobos. »
D’après : D. Beaune et al., « Les services écologiques des bonobos (Pan paniscus) », Revue de Primatologie, 5, 2013.