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Sciences de la vie et de la Terre

Psychose

28 / 04 / 2008 | Liliane Grandmougin

Les bases moléculaires de certaines maladies psychiatriques restent encore mystérieuses. Les effets de médicaments sur des récepteurs aux neurotransmetteurs peuvent sembler contradictoires ; des chercheurs viennent de montrer que ces récepteurs peuvent interagir entre eux en formant des complexes.

Les drogues psychomimétiques ont conduit à mieux comprendre quels neurotransmetteurs et quels récepteurs étaient impliqués dans les psychopathologies. Par exemple, les hallucinogènes comme le LSD, la psilocybine ou la mescaline ont une structure proche de la sérotonine. Ce sont des agonistes, c’est-à-dire que leur fixation sur un des récepteurs de la sérotonine, le 2AR (appelé aussi 5HT2A) produit la même action que le neurotransmetteur. Toute psychose mimant les effets de ces drogues est ainsi attribuée à la voie impliquant la sérotonine. De fortes doses d’amphétamines provoquent une libération accrue de dopamine et rappellent une crise aigue paranoïde, tandis que de faibles doses de dopamine augmentent les symptômes de type schizophrénique. Enfin, la phénylcyclidine (PCP), qui bloque des récepteurs au glutamate (type NMDA), mime parfaitement des psychoses.

Trois récepteurs de neurotransmetteurs sont donc essentiellement impliqués : ceux de la dopamine comme le D2, de la sérotonine (le 2AR) et enfin ceux du glutamate (dont mGluR2). On connaît des neuroleptiques agissant spécifiquement sur l’un de ces récepteurs : les « typiques » bloquent les récepteurs D2 à dopamine tandis que les « atypiques » bloquent les récepteurs 2AR à la sérotonine. Or les antipsychotiques dont on connaît le récepteur cible ont des actions sur le comportement du patient qui ressemblent au blocage d’un autre récepteur sur lequel ils ne se fixent pas. Ce qui a conduit les chercheurs à vérifier l’hypothèse suivante : les récepteurs 2AR et mGluR2 formeraient des complexes et agiraient mutuellement l’un sur l’autre. Tous deux sont couplés à des protéines G qui relaient un message intracellulaire. Les agonistes de mGluR2 augmentent l’affinité de 2AR pour les hallucinogènes, tandis que les agonistes de 2AR diminuent l’affinité des agonistes de mGluR2. Une autopsie d’un cerveau de patient atteint de schizophrénie a révélé un nombre important de récepteurs 2AR et une faible quantité de mGluR2.

Cette étude montre donc qu’une substance agissant sur un récepteur altère le fonctionnement de l’autre, entre autres parce que ceux-ci forment des complexes agissant sur les mêmes relais intra-cellulaires. Cette découverte représente une avancée dans le traitement et la compréhension des différentes formes de maladies psychiatriques comme les schizophrénies.

LG
D’après Nature- vol. 452, 6 Mars 2008.