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Sciences de la vie et de la Terre

[TraAM 2021-2022] Travailler l’argumentation orale en SVT au travers de l’étude des services écosystémiques et la résilience écologique

17 / 05 / 2022 | Yoann Reverdy

Dans le cadre des Travaux académiques mutualisés (TraAM) 2021-2022, un groupe de 7 professeurs de SVT exerçant dans des collèges et des lycées des trois départements de l’Académie de Créteil a travaillé à mettre en place des séquences de cours répondant à la problématique suivante : « comment le recours à des pratiques numériques en SVT peut-il contribuer à stabiliser les apprentissages dans et hors la classe ? ».

Toutes les séquences ont été testées en classe par les enseignants concepteurs. Ils ont travaillé en commun sur les différentes thématiques ; ils ont tiré une analyse de cette expérimentation et ont indiqué des marges de progrès ou des adaptations possibles si vous souhaitez tester ces séquences à votre tour. Ces productions ne sont pas modélisantes mais se veulent plutôt comme des pratiques inspirantes. N’hésitez pas à leur adresser un retour si vous mettez en œuvre dans vos classes des pistes qu’ils vous ont proposées.

1. Professeur expérimentateur

Yoann Reverdy, Lycée Henri Moissan, Meaux (77)

2. Liaison avec le programme

Niveau concerné : Première spécialité SVT
Partie du programme : Écosystèmes et services environnementaux

Place dans la progression :
La séance proposée prend place dans la partie du programme « Écosystèmes et services environnementaux ». Les élèves ont préalablement abordé quelques aspects conceptuels sur les écosystèmes en classe inversée. La séquence s’est poursuivie par une sortie à la réserve naturelle régionale du Grand-Voyeux à Congis-sur-Thérouanne, en Seine et Marne. L’objectif de cette sortie était d’approfondir le concept d’« écosystème » et d’aborder les notions de « services écosystémiques » et de « résilience » en étudiant les problématiques de cette réserve naturelle.

3. Motivation

L’argumentation a été travaillée à plusieurs reprises depuis le début de l’année en spécialité, la plupart du temps, à l’écrit. Le Grand oral vise à former les élèves à prendre la parole en public de façon claire et convaincante. Or, à ce stade de l’année, tous les élèves n’ont pas encore acquis cette compétence et certains n’ont pas assez de recul par rapport à la posture à adopter vis-à-vis d’un oral. L’objectif était donc de demander aux élèves de produire une courte vidéo dans laquelle ils devaient argumenter une affirmation concernant les services écosystémiques et la résilience au regard des informations récoltées lors de la sortie dans l’objectif d’identifier par la suite les critères de réussite de l’argumentation orale. À l’issue de cette étape, les élèves devaient alors reprendre leur vidéo initiale et la modifier en utilisant les critères dégagés précédemment.

4. Connaissances et compétences associées

Notions :
BOEN n°1 du 22 janvier 2019 :
Même sans l’action de l’Homme, les écosystèmes montrent une dynamique spatio-temporelle avec des perturbations (incendies, maladies) affectant les populations. La complexité du réseau d’interactions et la diversité fonctionnelle favorisent la résilience des écosystèmes, qui jusqu’à un certain seuil de perturbation, est la capacité de retrouver un état initial après perturbation.
L’espèce humaine est un élément parmi d’autres de tous les écosystèmes qu’elle a colonisés. Elle y vit en interaction avec d’autres espèces (parasites, commensales, domestiquées, exploitées).
L’espèce humaine affecte le fonctionnement de la plupart des écosystèmes en exploitant des ressources (forestières par exemple), en modifiant le biotope local (sylviculture, érosion des sols) ou global (changement climatique, introduction d’espèces invasives).
Beaucoup d’écosystèmes mondiaux sont impactés, avec une perte mondiale de biodiversité et des conséquences néfastes pour les activités humaines (diminution de la production, pollution des eaux, développement de maladies, etc.).
Pourtant, l’humanité tire un grand bénéfice de fonctions assurées gratuitement par les écosystèmes : ce sont les services écosystémiques d’approvisionnement (bois, champignons, pollinisation, fruits et graines, etc.), de régulation (dépollution de l’eau et de l’air, lutte contre l’érosion, les ravageurs et les maladies, recyclage de matière organique, fixation de carbone, etc.) et de culture (récréation, valeur patrimoniale, etc.).
Notre santé dépend en particulier de celle des écosystèmes qui nous environnent.
Compétences :
 communiquer dans un langage scientifiquement approprié : oral ;
 identifier les impacts (bénéfices et nuisances) des activités humaines sur l’environnement à différentes échelles ;
 fonder ses choix de comportement responsable vis-à-vis de sa santé ou de l’environnement en prenant en compte des arguments scientifiques ;
 comprendre les responsabilités individuelle et collective en matière de préservation des ressources de la planète (biodiversité́, ressources minérales et ressources énergétiques) et de santé.

5. Les outils numériques utilisés

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Moodle est une plateforme d’enseignement intégrée à l’ENT Île de France (monlycée.net) mais le travail est possible avec n’importe quelle plateforme Moodle mise à jour.
La première application Moodle à avoir été utilisée est le "Partage de fichiers" pour le dépôt de la première vidéo.

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La seconde application utilisée est le module « Atelier » pour réaliser l’auto-évaluation.

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L’application carte mentale de l’ENT est un outil simple de construction de cartes mentales intégré.

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6. Cadre de référence des compétences numériques :

Lien vers le CRCN

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Domaine 2 : communication et collaboration D2.1 interagir
D2.2 partager et publier
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Domaine 3 : création de contenus D3.2 développer des contenus multimédias
D3.3 Adapter les documents à leurs finalité

7. Déroulement global de la séquence

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8. Indications pratiques sur cette séquence

Durée totale : 6h30
Sortie sur le terrain (réserve naturelle) : 3h
Travail asynchrone pour produire l’argumentaire : environ 1h
Identification des critères et production d’une carte mentale en classe : 1h30
Travail asynchrone pour produire le second enregistrement et s’auto-évaluer : 30 min
Bilan en classe : 30 min

Prise en main par l’enseignant :
 assez intuitive
Prise en main par les élèves :
 assez intuitive

9. Déroulement détaillé de la séquence

La séquence débute par un travail en classe inversée sur le concept d’« écosystème ». Lors de cette étape, les élèves avaient à disposition des ressources numériques qui présentent ce qu’est un écosystème et les principales interactions qui s’y déroulent. Ils devaient rédiger un bilan qui définit ce qu’est un écosystème et qui décrit les interactions au sein de l’écosystème et se présenter à la sortie avec celui-ci.

La séquence se poursuit par la sortie d’une demi-journée sur le lieu de la réserve naturelle régionale du Grand-Voyeux. Cette réserve, située en Seine et Marne, à Congis-sur-Thérouanne, est une propriété du Conseil régional d’Île de France. Cet espace, délimité par une boucle de la Marne, était auparavant dédié à l’extraction de sables et de graviers. Le réaménagement de ces carrières suite à l’arrêt de leur exploitation en fait un exemple de zone humide exploitable en tant qu’écosystème ainsi que pour étudier les concepts de service écosystémique et de résilience.

Pendant 3 heures, les élèves parcourent la réserve, accompagnés des écologues qui sont au service de la structure qui gère la réserve. À cette occasion, les élèves approfondissent le concept d’écosystème, l’importance des interactions au sein de celui-ci. Ils abordent également les problématiques autour de la résilience d’un écosystème et des services rendus par cette zone humide. Lors de cette sortie, les élèves étaient invités à prendre des notes nécessaires pour réaliser le travail d’argumentation.
Au retour en classe, plusieurs situations sont proposées aux élèves. En voici quelques exemples.

Exemple 1 - Un promoteur souhaite acheter un terrain qui est une vaste zone humide et le convertir en zone habitée.
Argumenter l’intérêt de préserver cette zone humide et de ne pas la convertir en lotissement.

Exemple 2 - Un propriétaire privé a acquis un terrain de plusieurs centaines d’hectares sur lequel se trouve une vaste zone humide. Il décide de le clôturer mais ne souhaite rien en faire de particulier et prend la décision de ne pas l’entretenir.
Est-ce un bon choix ? Vous argumenterez votre réponse.

Exemple 3 - Une fédération de pêcheurs souhaite avoir accès aux étangs d’une réserve naturelle située en zone humide. Ils pensent être garants du maintien de l’équilibre de cet écosystème.
Leur affirmation est-elle recevable ?

Une semaine a été laissée aux élèves pour préparer leur argumentaire et se filmer dans un temps volontairement limité (2 minutes). Ils devaient ensuite déposer la vidéo dans le module « partage de fichier » de Moodle.

Le partage de fichiers permet aux participants de déposer des fichiers : ces derniers sont rendus disponibles immédiatement ou après l’approbation de l’enseignant. L’enseignant peut décider quels fichiers sont visibles par tous les participants.
A la séance suivante, les élèves se sont répartis en groupes de quatre. Chaque groupe avait à disposition quelques supports vidéos et devaient les visionner. Avant cela, il a été demandé aux élèves leur accord pour utiliser leurs vidéos en classe. Deux élèves n’ont pas souhaité que leur production soit visionnée en classe. Cela n’a pas posé de problème pour la suite du travail.

L’objectif était d’identifier des critères qui leur semblent nécessaires de respecter pour réaliser une argumentation orale pertinente. Ils devaient s’intéresser plus particulièrement à la posture, à la façon de communiquer à l’oral et dans une moindre mesure, à la qualité de l’argumentation, plus difficile pour eux à apprécier. Après une mise en commun collective, il a été demandé aux élèves de produire une carte mentale des critères relevés à l’aide de l’outil carte mentale de l’ENT.
Exemple de carte mentale produite par un groupe d’élèves :

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Les élèves avaient ensuite pour mission de corriger la première vidéo en la faisant évoluer au regard des critères identifiés en classe. Comme l’objectif était ici de travailler sur l’a qualité de la communication orale et sur la posture, des pistes d’arguments étaient proposées aux élèves qui le souhaitaient pour améliorer la qualité de l’argumentaire.
Les élèves devaient alors déposer à nouveau leurs productions filmées, cette fois-ci dans le module d’activité "atelier" de Moodle en vue de réaliser une auto-évaluation de leur travail.

Ce module d’activité permet de recueillir les travaux des élèves afin qu’ils puissent s’auto-évaluer ou s’évaluer entre pairs.
Au préalable, il a été nécessaire de produire une grille d’évaluation directement dans le module d’activité qui reprenait les critères identifiés en classe lors de la séance précédente.

Moodle permet de choisir la stratégie d’évaluation la plus pertinente au regard du travail demandé. Cela peut par exemple être une évaluation par critères ou par commentaires. Le choix a été fait de proposer une évaluation par commentaires. Trois aspects de la production vidéo ont été évalués : les qualités de communication orales, la qualité de la posture et la qualité de l’argumentaire.
Pour ce faire, les élèves devaient simplement compléter le cadre correspondant. Une capture d’écran de la page d’auto-évaluation est proposée dans le document suivant.

Les critères de l'auto-évaluation

En fin d’auto-évaluation, ils devaient réaliser, toujours dans le même module d’activité, un bilan global qui récapitulait les points sur lesquels ils pensaient avoir progressé entre les deux productions vidéos et les points sur lesquels ils estimaient devoir encore travailler.

A l’issue de l’auto-évaluation, le professeur a pu comparer les deux productions vidéos et proposer un feedback global sur les productions.

Auto-évaluation et feedback professeur

Le travail a été essentiellement axé sur les qualités de communication à l’oral et sur la posture. La qualité de l’argumentation a été évaluée par les élèves mais celle-ci reste plus difficile à appréhender de leur part. Le retour réalisé dans Moodle par le professeur ainsi que le bilan final en classe a permis de préciser certains arguments utilisés par les élèves.

10. Travaux des élèves

Les élèves ne souhaitant pas que leurs vidéos soient diffusées en dehors de la classe, seuls des feedbacks d’auto-évaluation sont présentés dans cet article.

11. Retour des impressions des élèves

Le groupe qui a participé à ce travail était constitué de 13 élèves. Leurs différents retours montrent que ce travail leur a plu et que la plus-value principale qu’ils identifiaient était une première préparation au Grand oral. Plusieurs élèves précisent que le visionnage des vidéos pour identifier les critères de réussite leur a permis de distinguer les points positifs et les points à améliorer dans leurs prestations.

Témoignage d’un élève ayant travaillé sur l’argumentation orale

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12. Analyse et évaluation du dispositif par le professeur

Plus-values dégagées :
Dans une optique de progressivité au lycée, afin d’éviter aux élèves de s’exposer directement aux autres dans l’exercice d’argumentation orale (de manière frontale devant le groupe-classe), le passage par la vidéo peut être un intermédiaire intéressant et rassurant.
Cette activité a également permis aux élèves d’identifier eux-mêmes les critères de réussite de l’argumentaire oral, leur permettant ainsi de les retenir plus durablement.
Reprendre la première vidéo après l’identification des critères a permis à tous les élèves de progresser sur différents points, essentiellement sur la posture et les qualités de communication orale. L’argumentation n’a pour la plupart du temps pas changé entre les deux vidéos.
Enfin, les élèves ont dû identifier les points qui ont progressé et ceux qui restent encore à améliorer. Cela leur a permis de prendre conscience qu’il est possible de progresser très rapidement sur la compétence de communication orale.

Difficultés rencontrées :
Le choix a été laissé aux élèves que leurs productions vidéos soient visionnées en classe, par petit groupe (groupes de 4 élèves). Deux élèves n’ont pas souhaité que leur travail soit utilisé. Cela n’a pas posé de problème particulier mais il semble nécessaire d’être vigilant à cela (peut-être en précisant davantage en amont les enjeux de cette pratique).
Le choix a été fait d’approfondir les compétences communicationnelles orales et la posture. De ce fait, l’accent n’a pas été mis sur la qualité des arguments. Les élèves ont bien identifié la construction de l’argumentation mais ont eu davantage de difficultés pour percevoir la pertinence des arguments utilisés. Il a donc été nécessaire de fournir, pour celles et ceux qui le souhaitaient, quelques aides pour le fond de l’argumentation.

Pistes d’amélioration :
Le passage par une étape intermédiaire afin de préparer de fond de l’argumentation pourrait être une piste à envisager si l’on dispose du temps nécessaire pour cela.

13. Des précisions sur les outils numériques utilisés

Avantages /plus-values :
L’atelier Moodle se révèle être un outil très pertinent pour réaliser une évaluation entre pairs. L’attribution des travaux peut être manuelle ou bien aléatoire. Le professeur doit au préalable préparer le formulaire d’évaluation qui sera utilisé par les élèves. Plusieurs stratégies d’évaluations peuvent être choisies par l’enseignant : elle peut aussi bien se faire par simples commentaires sur la production que par critères à sélectionner.
L’élève évaluateur peut ainsi évaluer directement la production de son camarade et lui fournir un feedback. Le professeur peut à son tour, fournir un feedback à l’élève évaluateur. Ainsi, il garde la main sur la totalité du processus d’évaluation. Une fois terminé, l’atelier reste disponible pour l’élève. Il peut donc venir consulter à tout moment sa production et son évaluation.
L’avantage supplémentaire de Moodle est qu’il est possible de choisir la taille maximale du fichier à déposer. Moodle accepte des fichiers d’une taille allant jusqu’à 500 Mo. Des vidéos peuvent donc être déposées sans difficulté.
L’application carte mentale qui a servi d’outil pour formaliser les critères de réussite de l’argumentation orale possède les fonctionnalités de base pour construire une carte mentale. Elle permet un travail collaboratif en classe et hors la classe.

Points de vigilance :
Le paramétrage du module "Atelier" nécessite une prise en main au préalable par le professeur. A la première utilisation, celui-ci peut sembler fastidieux. Mais son intérêt pour l’évaluation par les pairs ou l’auto-évaluation vaut largement cet investissement.
Lors du dépôt dans le module « partage de fichiers », ces fichiers sont ensuite téléchargeables. Pour ne pas laisser la possibilité à tous les élèves du groupe de télécharger les vidéos des autres élèves, celles-ci n’ont pas été rendues visibles aux élèves. Elles ont été téléchargées au préalable par le professeur puis déposées sur une clé USB prêtée lors de la séance, uniquement pour visionner.
En ce qui concerne l’application carte mentale, il faut penser à enregistrer la carte, au risque de perdre les données saisies. En effet, celui-ci n’est pas automatique.

14. Une piste d’adaptation

Dans un souci de progressivité du travail des compétences orales, l’étape suivante pourrait être de réaliser des mini-débats en 1 contre 1 puis 2 contre 2 autour des problématiques étudiées lors de cette sortie.

Pour se documenter sur l’utilisation de Moodle, vous pouvez consulter la page officielle de la plate-forme.

 

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