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Sciences de la vie et de la Terre

À la découverte des cartes...

02 / 03 / 2012 | Patrice Nadam | Nathalie Lepouder

Les cartes heuristiques, du grec ancien Eurisko : "Je trouve", sont des représentations graphiques d’idées, de notions, de concepts, sous une forme arborescente.
 Quelle est leur origine ?
 Apprenant ou enseignant, à qui s’adressent-elles ?
 Que peuvent-elles nous apporter ?

# Qu’est ce qu’une carte et quelle est leur origine ?

Le plus souvent nous communiquons des informations, sous une forme linéaire, avec des phrases ou des plans organisés. La succession, la chronologie dominent et ne font pas apparaître, de manière explicite, les liens qui existent entre les informations.

Les cartes mentales (heuristiques, mindmaps), quant à elles, sont des représentations visuelles de l’information sous une forme originale.
Les concepts sont représentés sous la forme d’une arborescence. Sur un sujet donné, les idées sont disposées sur la carte sans aucun ordre a priori. Elles feront l’objet ensuite d’une organisation, voire d’une réorganisation, qui permettra d’en obtenir une vue d’ensemble. Les relations sont matérialisées par des liens. Chaque intersection, ou nœud , représente une idée [1].
La carte présente ainsi une globalité d’informations sur un sujet donné de manière simultanée avec une organisation spatiale.

Exposé métier

Si de nombreuses personnes utilisent intuitivement le système de représentation heuristique pour schématiser leurs idées, c’est Tony BUZAN, psychologue anglais, qui a formalisé le concept dans le début des années 70. Ses travaux ont permis
de montrer que nos pratiques pédagogiques privilégient un type de fonctionnement cérébral avec une dominance de la linéarité et du séquentiel, attribué à l’hémisphère gauche alors que l’hémisphère droit est sensé gérer la globalité, la simultanéité et la spatialisation, ce que nous retrouvons dans une carte heuristique.
Si le constat demeure exact quant à nos pratiques pédagogiques, les travaux récents en neurosciences cognitives nous imposent davantage de prudence sur les taches accomplies par chaque hémisphère. Nos perceptions, nos modes de fonctionnements, nos interprétations différent et si, pour certains la forme linéaire est la plus intuitive, d’autres trouveront une efficacité plus importante en utilisant ou en créant des cartes.

# Que favorisent-elles ? A qui s’adressent-elles ?

Utilisées depuis longtemps dans les entreprises, elles sont largement exploitées dans le domaine de l’éducation depuis plus de 20 ans par nos voisins belges, finlandais et par les franco-canadiens. En France, elles ont commencé une timide apparition dans le courant des années 2000…

Domaines d'utilisation

Si les cartes sont des outils de mémorisation, elles permettent une compréhension plus aisée, et l’organisation des idées. Elles s’adressent à tous, enfant comme adulte et peuvent même être enseignées très tôt. (En Finlande, les enfants les utilisent dès l’école primaire).

Les enfants en difficulté d’apprentissage sont particulièrement sensibles à la formation aux cartes. Ayant de grosses difficultés dans la succession des évènements, le repérage dans le temps et l’évocation, ils ont un besoin vital de globalité.
La carte devient alors un outil qui donne du sens aux apprentissages en mettant du concret sur les notions découvertes. Le plus souvent les enfants en difficulté d’apprentissage ne passent pas du concret aux codes et ont du mal à établir des liens logiques. Pour la majorité de ces enfants, la carte favorise la compréhension et la mémorisation. Elle a un effet facilitateur. Elle devient un outil d’enrichissement dès lors qu’elle n’est pas utilisée comme unique outil de communication.
C’est le cas, par exemple, de la carte suivante, réalisée avec des élèves de 6ème, sur la notion d’environnement :

L'environnement

Il est cependant important de faire traduire la carte par des phrases. Sinon, sans entrainement, les élèves auront certes gagné en mémorisation et en compréhension, mais demeureront dans l’incapacité de communiquer leurs idées sous une forme linéaire. La carte ne doit pas être un outil de compensation mais un outil d’enrichissement qui permet le développement de capacités.
A l’inverse, il est possible de faire traduire une forme linéaire (un plan du cours, par exemple) par une carte. Après deux ou trois productions réalisées avec eux, les élèves deviennent rapides et compétents.

Les « bons élèves » , vont gagner en mémorisation mais surtout en organisation des idées. Il les utiliseront davantage pour la construction de bilans ou de plans (brouillons au bac, organisation des idées en TPE…).

# Des limites ?

La carte est un outil de communication d’idées dans le cadre d’un enseignement personnalisé. Faire des cartes, c’est donner un nouvel outil de transmission d’idées qui peut favoriser la réussite scolaire en développant l’écrit, l’organisation des idées, la mémorisation. Cet outil rencontre, néanmoins, quelques limites liées :
 à ceux qui ont du mal à visualiser,
 à ceux qui rencontrent des problèmes fonctionnels qui les empêchent de gérer l’espace,
 aux « résistants » ...par principe.

En tant que professeur, il faut faire attention à ne pas se marginaliser des autres collègues et devenir, dans l’établissement, "l’expert es cartes heuristiques" ou "l’autre avec ses machins". Il sera nécessaire de partager et de faire comprendre que les compétences acquises peuvent être réinvesties dans les autres disciplines, dans différentes situations. En s’appuyant sur sa pratique personnelle, on pourra expliquer aux collègues le principe des cartes et leur utilisation possible en classe. On ne pourra alors que les encourager à se former aux cartes heuristiques.